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Le salaire minimum légal (SMIG) a connu une deuxiéme hausse à partir du 1er juillet 2020 et ce conformément à l'accord social signé entre la confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et les principaux syndicats marocains en avril 2019 qui prévoyait une hausse du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) de 10% étalée sur 2 ans..
Il s’agit d’une augmentation de 5% passant ainsi de 14,13 DH à 14,81 dh pour les professions libérales et les secteurs de l’industrie et du commerce pour une heure de travail.
Mensuellement, cela équivaut à un montant de 2.637 dh nets ( 2.828 DH bruts) en lieu et place de 2.517 dirhams nets (2.700 DH brut). Jusqu’à récemment cette augmentation a fait l’objet de nombreuses rumeurs sur un possible report mais il n’en est rien.
Tout porte à croire, donc, que les salariés concernés constateront cette hausse, décidée lors du dialogue social du 25 avril 2019, sur leurs bulletins de paie à la fin du mois de juillet. Evidement ca ne sera pas une première. Si la mesure est effective, cette hausse sera la 22éme augmentation du SMIG depuis 1982 passant de 490 à 1000 DH en 1990 avant de passer au double neuf ans plus tard.
En 2014, le SMIG a connu une hausse de 10% en deux tranches avant d’atteindre le tout dernier montant qui fait aujourd’hui l’objet d’une nouvelle augmentation.
Il faut dire que la pression des syndicats au Maroc n’est pas négligeable. L’argument est toujours le même. Mettre un terme à la précarité au niveau des milliers professionnels afin de renforcer le pouvoir d’achat des citoyens, dans un pays où 65% des salariés déclarés à la CNSS touchent moins de 3.000 DH mensuels. Une précarité qui impacterait le rendement et la compétitivité des produits marocains, soutiennent les syndicalistes. Ce qui n’a pas manqué de créer une grosse bagarre entre les syndicats et le patronat. Ce dernier à tous les arguments pour se défendre.
Dans ce contexte, le présent article permettra de faire le point sur ce sujet afin d’aider les dirigeants à se conformer à la réglementation du travail en vigueur et à mieux appréhender son impact sur les résultats de leurs entreprises.
A titre de définition, le Salaire Minimum interprofessionnel garanti (SMIG) correspond au salaire horaire minimum fixé par voie réglementaire imposant aux employeurs de ne pas verser de salaire dont le taux horaire serait inférieur au smig.
Le Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) a été introduit au Maroc au début des années quatre-vingt comme moyen de protection des salariés et de garantie d’un revenu minimal pour les travailleurs marocains.
Dans le cadre de la dynamique de promotion du dialogue social initiée par le royaume, Le SMIG a connu plusieurs augmentations successives depuis son instauration puisqu’il a augmenté pas moins de vingt deux fois depuis cette date.
Un employeur ne peut pas accorder à un employé une rémunération inférieure au SMIG (article 356 du Code du travail), même si ce dernier l’accepte expressément (article 360 du Code du travail).
Une amende de 300 à 500 dirhams est applicable en cas de paiement d’un salaire inférieur au SMIG. L’amende est applicable autant de fois qu’il y a de salariés à l’égard desquelles le SMIG n’a pas été respecté, sans toutefois que le total des amendes dépasse la somme de 20.000 dirhams. En cas de récidive, l’amende est portée au double.
De plus et en cas de litige, le tribunal peut ordonner, la restitution au salarié lésé les sommes représentatives du salaire minimum qui ont été injustement retenues.
Dans les activités non agricoles telles que le secteur de l’industrie, du commerce et des professions libérales, le salaire minimum légal au Maroc est calculé sur la base du salaire de base horaire versé au salarié, plus éventuellement les pourboires et les accessoires du salaire (indemnités et avantages en nature).
Par contre, s’agissant des activités agricoles , le SMAG est calculé sur la base du salaire de base journalier versé au salarié, sans prise en compte des éventuels avantages en nature.
Activités | Date d’entrée en vigueur | Taux |
Agricole | Le 1er juillet 2020 | 76,70 dirhams par jour |
Non agricole | Le 1er juillet 2020 | 14,81 dirhams l’heure |
A titre d'information, le SMIG au Maroc 2018 sur une base horaire était de 14,13 MAD/ heure .
Le coût mensuel du SMIG pour l’équivalent de 191 heures de travail est de 3.425,28 dirhams. Il est composé des éléments suivants :
Rubriques | Montant en dirhams | |
Salaire brut | 191 heures | 2 828,71 |
Cotisation patronale à la CNSS | 16,98% | 480,31 |
Cotisation patronale à l'AMO | 4,11% | 116,26 |
Coût total pour l’entreprise : | 3 425,28 |
Un employé payé au SMIG qui travaille un mois complet (équivalent de 191 heures de travail au cours du mois) et qui a bénéficié uniquement d’une couverture sociale de base (CNSS), aura un bulletin de paie comme suit :
Rubriques |
Montant en dirhams | |
Salaire brut | 191 heures | 2 828,71 |
Cotisation salariale CNSS | 4,48% | - 126,73 |
Cotisation salariale AMO | 2,26% | - 63,93 |
Salaire net | 2 638,05 |
SMIG au Maroc : Comparaison avec le SMIG d’autres pays africains
D’après l’organisation mondiale du travail, le Maroc a le SMIG le plus élevé en Afrique.
Ceci étant dit, une étude faite par la banque mondiale, sur un échantillon de 32 pays africains, place le Maroc à la 19ème position en termes de rendement de ses salariés. Cela amène de vrais questionnements sur la productivité et la compétitivité de nos ressources humaines à faible qualification.
Ci-dessous le résultat de l’étude de la banque mondiale :
Pays | Salaire minimum (en dirham marocain) | Rapport entre le SMIG et la valeur ajoutée par travailleur |
Maroc | 2 828,71 | 0.7 |
Gabon | 2 421,12 | 0.3 |
Île Maurice | 2 378,86 | 0.2 |
Tunisie | 2 302,99 | 0.6 |
Algerie | 1 517,40 | 0.3 |
Congo | 1 475,14 | 0.7 |
Senegal | 1 459,78 | 1.0 |
Côte d'Ivoire | 950,78 | 0.4 |
Burkina Faso | 824,97 | 0.9 |
Contrairement aux pays occidentaux présentées ci-dessous, le Maroc a un salaire minimum supérieur à son PIB par habitant. De fait, force est de constater que d’importants efforts restent encore à faire pour améliorer nos indicateurs de développement humain.
Pays | Salaire brut en MAD | PIB par habitant (moyenne mensuelle) |
Smic Belgique |
16 640,96 | 34 672,92 |
Smic Suisse |
32 470,10 | 64 177,39 |
Smic France |
16 200,70 | 30 793,78 |
Smic Canada |
15 294,53 | 36 039,86 |
Smic USA |
11 712,43 | 47 644,45 |
Smic Espagne |
9 143,21 | 22 534,52 |
Smig Maroc |
2 828,71 | 2 406,55 |
La Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) trouve déraisonnable qu’on demande aux employeurs de faire encore des efforts au moment où les opérateurs économiques broyer du noir. Et ce qui s’annonce pour le reste de l’année 2020 ne sent rien de bon.
Plusieurs entreprises ont mis la clé sous la porte alors que 130.000 autres entreprises ont recouru à l’indemnité covid-19 pour payer les salaires. Mais ce n’est pas tout.
La Banque africaine de développement (BAD) n’exclut pas d’ailleurs une récession au Maroc en 2020. Dans un supplément à son rapport annuel les perspectives économique en Afrique, l’institution panafricaine indique que la croissance devrait baisser de 8,3 points de pourcentage. Le déficit budgétaire et le déficit du compte courant seront également dans le rouge, respectivement de 3% au 3,9% au minimum.
Dans ces conditions, avec la baisse des dépenses de voyages, des transferts envoyés par les Marocains résidant à l’étranger, et des investissements directs étrangers, il est tenté de croire que le Maroc, comme tous les pays touchés par la covid-19 d’ailleurs, sera confronté à une crise difficile.
Autrement dit, dans la conjoncture actuelle marquée par un déconfinement progressif et la baisse drastique de la commande adressée au Maroc ainsi que le recul de la consommation, alors que les opérateurs économiques font encore face à un horizon sombre, c’est plutôt hasardeux que de demander au patronat d’augmenter les salaires.
A côté de cet horizon sombre, il y a aussi un passé récent très douloureux pour les entreprises implantées au Maroc. Les mois d’avril de mai et de juin ont été particulièrement très difficiles pour celles-ci, lesquelles, sous l’effet de la covid-19, ont vécu durement la contraction de l’économie nationale, souligne le HCP dans une récente note de conjoncture.
La preuve, le secteur tertiaire, un levier important de la croissance économique aurait régressé de 11,5% au deuxième trimestre de l’année en cours, détaille le HCP expliquant que ce vaste secteur qui regroupe l’administration, en passant par les transports ainsi que les activités financière et les services, entre autres, a bâti de la baisse des activités commerciales, de transport, hébergement et de restauration. Le rythme d’évolution du secteur secondaire s’est également ralenti, considérablement, passant de -14,3%, après +0,2% au premier trimestre.
Les entreprises du bâtiment et travaux publics ( BTP), des industries métallurgiques, de l’électricité, du textile, des matériaux, pour ne citer que cela, ont été particulièrement touchées par ce repli d’activités plutôt sévère.
Autre chiffre surveillé de prés et qui donne une idée sur la chute de l’activité économique au Maroc et la morosité qui fait craquer de nombreux chefs d’entreprises, le flux des échanges commerciaux entre le Maroc et l’Europe, principal partenaire du royaume. Inquiétude, cet indicateur a baissé en 2019 de 0,6 point par rapport à 2018 alors que la demande adressée au Maroc a chuté de 18% au deuxième trimestre.
Les chiffres de 2020 notamment pour le second trimestre seraient plus inquiétants au vu du confinement et de la fermeture des frontières ces trois derniers mois, lesquels ont entrainé un quasi arrêt de plusieurs activités.
En prenant en compte tout ce qu’on vient de dire, il parait improductif qu’on puisse demander au patronat de faire encore des efforts en augmentant le SMIG. De plus, avec des salaires toujours en hausse, c’est la compétitivité même du Maroc qui risque d’être remise en cause. Dés lors, l’idéal serait donc de reporter au plus vite possible l’augmentation du SMIG pour les entreprises en difficulté si toutes entreprises ne pourront pas bénéficier de ce même traitement. Cela s’est déjà produit par le passé avec le secteur textile.
Remettre au goût du jour les vieux antagonismes, ne ferait que fragiliser les séries de mesures annoncées par le gouvernement dans le cadre du projet de loi rectificative qui Vise à accompagner la reprise progressive de l’activité économique, la préservation de l’emploi ainsi que l’accélération de la mise en œuvre des réformes d’administration.
Article publié initialement le 05/09/20019 et mis à jour le 01/07/2020
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